Co(po)llage : Twixt

Publié le par PimentWouj

Un nouveau film de Francis Ford Coppola en 2012, soit trois ans après son dernier long-métrage en date, Tétro (2009), qui plus est descendu par certains critiques et proposé dans un seul cinoche de Nice (merci le Rialto). C'est tout ce qu'il fallait à mon esprit de contradiction pour me donner envie d'aller voir Twixt, sorti en salle cette semaine. J'ajouterai que la présence d'un Val Kilmer bouffi et suintant le "sur-le-retour", qu'on a pas vu dans un rôle correct depuis... Kiss Kiss, Bang Bang (2005 - Shane Black)?  Salton Sea (2002 - D.J Caruso)? Bref, on ne sait plus mais ce fût le petit "plus" qui m'a fait me diriger vers la seule salle obscure à le proposer dans mon - gros - patelin.

 

Twixt

Affiche française du film Twixt

 

De quoi parle Twixt - contraction de Betwixt qui signifie "entre" en anglais tout comme Between ? Hall Baltimor, écrivain en désuétude et perdition après la mort de sa fille, couplée à son alcoolisme patenté, débarque dans un trou paumé des États-Unis pour dédicacer son dernier livre, Witch Hunter, devant les trois pelés et un tondu du coin. Finalement ils sont encore moins que ça et l'écrivain, gonflé d'ennui ferme, se laisse embarquer dans les délires du - très vieux - shérif de la ville, Bobby LaGrange. Ce-dernier lui insuffle l'idée d'écrire une histoire à deux, sur le meurtre tout chaud d'une jeune fille. D'abord réticent, Hall Baltimore finit par se laisser convaincre lorsqu'en rêve, il fait la connaissance d'une étrange jeune demoiselle, V, et que l'idée qu'elle soit liée à ce meurtre fasse son chemin dans son esprit - imbibé. Le romancier pense tenir là un sujet neuf et différent de sa bibliographie passée. Il saute à pied joint dans l'univers torturé de son esprit et celui, poisseux, de cette bourgade. En vague de fond, il y a également le séjour d'Edgar Poe dans la ville, le beffroi maléfique aux sept cadrans et sept horaires différents, l'assassinat de 12 enfants innocents et les jeunes chenapans-démons qui traînent de l'autre côté du lac.

 

Twixt

 

Twixt

V (Elle Fanning) et Hall Baltimore (Val Kilmer)

 

Qu'en est-il de l'addition finale de tous ces éléments d'intrigue. Et bien.... l'impression est mitigé. Coppola a avoué lui-même avoir voulu ici se rapprocher du cinéma d'auteur - il le fait, à petit budget - fait aussi: sept semaines de tournage only et le domaine viticole ainsi que la bibliothèque privée de Tonton Francis utilisés, loin de ses grandes fresques d'antan (Le Parrain, Apocalypse Now, Dracula). Il a également déclaré avoir trouvé en ce film l'occasion d'exorciser la perte de son propre fils, dont il s'est toujours senti coupable. Tout ceci part de bonnes intentions... avec lesquelles les routes de l'Enfer sont malheureusement toujours pavées. Et le résultat est que Twixt est un film très inégal. Au niveau du scénario, on a de drôles d'impression de déjà-vu - en français dans le texte, F.F Coppola semble avoir pris des morceaux de l'univers de Twin Peaks de Fincher, de l''esthétique gothique de Burton, ou encore de la Chambre 1408 et des vieux romans d'épouvante de King, voire même un peu de U-Turn de Stone. Du côté de la photographie du film, on a le droit à des instants de grâce somptueux : la première balade de Hall dans la forêt, l'apparition de V, comme enveloppée d'une aura laiteuse, la lune gigantesque, la luminosité bleu de gris des scènes de nuit, etc... Mais pourtant, on trouve peu d'originalité dans le déroulé d'évènements qui sont parfois trop prévisibles. L'utilisation de petites musiques enfantines, plutôt que de lourdes sérénades mortuaires sur certaines scènes sombresn, est des plus intéressante aussi. Mais le tout est bancal, comme un peu inachevé... comme la fin du film en fait. Quant aux acteurs, Val Kilmer s'en sort bien dans son rôle, même s'il manque parfois de justesse et de profondeur. Elle Fanning a clairement gagné en maturité depuis Super 8 (2011 - Steven Spielberg). Et Bruce Dern n'a plus grand chose à prouver et apporte juste sa Old Man Touch.

 

Twixt n'est pas un mauvais film de Coppola. Cela peut paraître étrange, mais on a envie d'avoir de l'indulgence face à ce vieux monstre du 7ème Art qui fait ses premiers pas de bébé, dans le monde du cinéma d'Art et d'Essai. Pourvu qui continue avec l'imagination d'un Dracula et non pas la faiblesse d'un Jonathan Harker...

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