gun's & pastis : Les Lyonnais

Publié le par PimentWouj

La frilosité de certains scénarios et le décor bien trop bobos de certaines séries policières françaises pouvaient laisser penser que la French Touch des films de gangsters manquait de couilles. Olivier Marchal démontre l'inverse depuis quelques années maintenant. Je me suis prise une première prune dans la tronche avec 36 Quai des Orfèvres (2004),  j'ai respiré les volutes d'introspection très - trop ? - profondes de MR-73 (2008) et j'ai pris une seconde prune dans la face avec la saison 1 de Braquo (2009). Aujourd'hui, avec mes deux yeux au beurre noir écarquillés à mort j'ai savouré la projection du dernier-né de monsieur Marchal : Les Lyonnais. Si ce nouveau long-métrage est - pour moi - aussi percutant et fort que les précédent, il existe une différence de poids. Là où les précédents traitaient essentiellement de flics basculant et basculés, Les Lyonnais nous parlent de gangsters pure sang.

 

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  Dimitri Storoge (Momon jeune) et François Levantal (Chavez)

 

  L'histoire est celle d'un gitan, Edmond Vidal dit Momon, et de l'amitié sans faille qui le lie aux membres du Gang des Lyonnais qu'il a fondé dans les années 70; et notamment à Serge Suttel qu'il connaît depuis l'enfance. Le bonheur est (presque) dans la villa jusqu'au jour où l'ami Serge, absent depuis quelques années déjà, refait surface pour se faire coffrer. Dès le début, ce film suinte ce mélange ferreux et acide qu'a le goût de la fin des bonnes choses. Momon à la soixantaine bien remplie. C'est Gérard Lanvin qui incarne cette "gueule" avec un charisme charnel et viril à faire tomber la culotte des femmes de bon goût de 25 à 55 ans. Le visage buriné mais non ravagé, le regard de canonnier d'un loup qui veille au grain sur sa meute paisible, le cheveux blanchi par la sagesse et le temps plus que par l'âge, ... tout en Lanvin transpire le gangster repenti et heureux d'avoir droit au bonheur auprès des siens.

 

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  Gérard Lanvin (Momon)

 

Face à lui, on trouve un Tchéky Karyo à la moue arrogante et sûr de lui, ultime vestige de sa jeunesse de loubard. Le regard enfouis derrière des yeux fatigués et la gâchette un peu trop nerveuse et facile, on le sent beaucoup moins apaisé que son frère d'arme.

 

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  Tchéky Karyo (Serge Suttel)

 

Les Lyonnais ne tourne pas autour du pot. Entre flash-back et moments présents, on comprend la nature du liant qui fait la fraternité entre Momon et Serge. L'heure de rendre des comptes finit toujours par arriver et il y a toujours un mandataire désigné pour payer ... Momon, gangster pour qui l'engagement, la morale et les promesses comptent, doit faire des choix. Tiraillé entre le code d'honneur qui l'oblige à ne pas rester indifférent aux ennuis de Serge et la promesse faite à sa femme de ne plus prendre les armes, Momon cherche l'équilibre impossible et tente de réfléchir aussi vite que d'agir. Je ne vous en direz pas plus, la bande-annonce dévoilant déjà bien trop de détails à mon goût. Mais sachez que Les Lyonnais offre de la came pure à 200% en matière de french gangsters repensant leur gloire passées. Les tronches marquées s'alignent et s'enchaînent (Gérard Lanvin, Tchéky Karyo, Daniel Duval, Lionnel Astier, Patrick Catalifo, ...). Le langage vrai et écaillé coule à flot. Et les flingues ne portent pas de silencieux. Le film dans sa globalité est à l'image du cuir porté à l'écran par Momon/Gérard Lanvin : brillant, sombre et sublimement vieillit...

 

 

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