Avant-première : Le Secret
Voici une équation rationnelle et vérifiée - oh punaise ça me rappelle les cours de maths : cinéma français + thriller épouvantable = Pascal Laugier. Après Saint-Ange (2003), où nous cheminions dans les couloirs hantés, poussiéreux et malfaisant d'un vieil orphelinat et Martyrs (2008), qui nous mettait face à la macroscopie sanguinaire de la dévotion déifique - mon article sur Martyrs ici, Pascal Laugier reviens vers nous avec Le Secret, son 3ème long-métrage. Cette fois, le réalisateur français s'entoure d'acteurs anglo-saxons pour les rôles titres, avec en tête d'affiche Jessica Biel (Powder Blue - T.L Bui - 2008), William B.Davis - l'Homme à la Cigarette d'X-Files, Stephen McHattie (History Of Violence - D.Cronenberg - 2005) ou encore Jodelle Ferland (Silent Hill - C.Gans - 2006). L'histoire quant à elle nous parle d'enfants qui, mystérieusement et brutalement, disparaissent -... comme un pet dans le vent. Ces enfants habitaient tous à Cold Rock, ville presque morte, à l'économie asphyxiée, sans espoir et à l'absence totale de culture et d'éducation - un vase clos social miteux comme souvent illustré chez Stephen King, dont Laugier s'est officiellement inspiré. Ils ont connu le sort similaire à plus de 750000 enfants américains chaque année. Mais ici, un nom se murmure derrière ces disparitions, celui du Tall Man - le Boogeyman local.
Julia Denning (Jessica Biel)
Pour ceux qui auraient lu le synopsis avant d'aller voir Le Secret, vous savez que le fils de l'héroîne principale, Julia Denning/Jessica Biel, va disparaître incessamment sous peu. Et même si elle va tenter le tout pour le tout pour ne pas le laisser aux mains du "Tall Man" - véritable élan de désespoir qui force le respect - l'issue fatale a bien lieu. Julia mord la poussière et est ramenée comme un chien errant à Cold Rock.
Julia Denning (Jessica Biel)
A partir de ce point du film, Pascal Laugier re-mélange les cartes et brouille la piste
principale. Le film bascule, comme bascula Martyrs en son temps, et nous entraîne hors du schéma premier. Le sentiment du spectateur à l'égard de l'héroïne est souillé
et on s'enfonce dans son siège, attendant désormais de connaître le fin mot de l'histoire. Avec Le Secret, Pascal Laugier - la "trouvaille" de
Christophe Gans - atteint l'âge de raison. Il est à mi-chemin du conte fantastique effrayant comme Saint-Ange et de l'épouvante sous forme de
testament humain façon Martyrs. Mais si ses précédents films avaient marqué son style, voire même étonné pour Martyrs par la violence visuelle
et humaine, Le Secret se contente d'offrir un condensé de ses possibles. Les tenants et aboutissants se dessinent et se devinent sans forcer. Il plane presque une aura un peu
"brouillon" à la M.N Shyamalan - pour certains de ses films uniquement hein - sur l'ensemble. Le Secret est un film intéressant en soi. Et le choix
d'introduire Jessica Biel dans ses "Muses" - après Virginie Ledoyen, Mylène Jampanoï,... - et très réussit. Mais lorsque l'on attends
le retour d'un réalisateur pendant 3 ans, et que de surcroît, on apprends qu'il lui a fallu 7 ans et la réécriture de 10 versions pour être satisfait... On est - presque - en droit
d'exiger non pas mieux, mais plus percutant et horrifiant. Je ne déconseille pas Le
Secret à ceux qui suivent le travaille - sépia, sobre et gris-bleu - de
Pascal Laugier, bien au contraire même. Mais ne vous attendez pas à retrouver de l'audace gore savamment dosée ou de l'atmosphère mystique finement saupoudrée.
Le Secret de Pascal Laugier - avec Jessica Biel, William B.Davis, Jodelle Farland - sortie le 5 septembre 2012